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on le voyait fréquenter assidûment le couvent des Capucins. Anne craignait que son frère ne méditât de reprendre son ancien dessein. Avec le roi, il complota de le marier à la sœur du duc d’Épernon, Catherine de Lavalette. Le roi fit si bien qu’Henri ne put refuser, bien qu’il n’eût jamais vu sa future.

Catherine et Henri furent surpris de s’aimer. L’une avait quinze ans, l’autre dix-huit. À la cour, on les considérait comme de « parfaits amants » et l’on croyait Henri définitivement converti au monde. Ils s’installèrent faubourg Saint-Honoré, dans une maison modeste, joignant le jardin des Capucins. Les religieux avaient permis à Joyeuse d’ouvrir dans leur muraille une porte communiquant avec le couvent. L’apprenant, le roi fit ouvrir une porte dans les Tuileries pour avoir accès aux Capucins.

La vie d’Henri de Joyeuse et celle de sa femme devinrent presque monacales. Quand ils pouvaient s’échapper de la cour, ils se livraient aux exercices de la plus stricte dévotion. Henri disait tous les jours le bréviaire.

Le roi s’attachait à Henri de Joyeuse comme à la planche de son salut spirituel. Il le comblait de faveurs, le faisait chevalier du Saint-Esprit, gouverneur de l’Anjou et du Maine, puis de la Touraine et du Perche. Henri combattait Condé et faisait à Brouage grand massacre de huguenots.

Une fille lui naissait, précisément au retour de cette expédition. Loin de l’attacher au monde, cet événement sembla le plonger de plus en plus dans la vie monastique. La nuit, à l’heure de matines, il allait au chœur chez les Capucins et suivait avec eux l’office. Un jour, Henri se décida à demander

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