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L’histoire tragi-comique de Sarda Tragine, le bandit de l’Ariège


Il est de mode, chez les intellectuels américains ou les hommes d’État anglais, de se donner, auprès des journalistes qui ont la manie de l’enquête, pour liseurs de romans policiers. C’est une pose comme une autre. Elle correspond à une réalité, en certains cas, paraît-il. Merveilleux moyen de détente, dit-on. On m’affirme que de graves juristes, chez nous, partagent ce goût.

Je ne l’ai pas. Rien ne me semble plus frelaté que ces laborieux échafaudages de malices cousues de fil blanc et de secrets qui ne restent mystérieux que par la bonne volonté du lecteur.

Les récits de procès véritables ne présentent pas les mêmes inconvénients : ils ont l’intérêt de biographies romancées. Encore ne faut-il pas leur accorder l’importance que leur donnait Édouard Drumont dans De l’or, de la boue, du sang, par exemple.

En un mot comme en cent, j’ai feuilleté un volume des Procès burlesques de Pierre Bouchardon. J’y ai noté de bonnes histoires. En voici une. Il y avait, en 1837, dans l’Ariège, au petit village de Leychert, un homme coléreux, qui s’appelait Pierre Sarda et qu’on avait surnommé Tragine. Ayant frappé de deux coups de couteau un pauvre particulier qui en garda le lit pendant cinq semaines,