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L’Académie française à la veille de la Révolution


Piron est connu de la foule par son épitaphe :

Ci-git Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien.

À vrai dire, on connaît aussi certain quatrain irrévérencieux, qu’on se garderait de reproduire ici.

Il faudrait savoir si la fameuse épitaphe a bien été gravée sur sa tombe. Petit mystère de l’histoire littéraire que je n’ai pas vérifié, ou que j’ai oublié.

Ce que je veux mettre en lumière, c’est que l’épitaphe, écrite à loisir, est celle d’un écrivain soucieux de se composer un personnage pour la postérité. Ils sont tous de même, involontairement. Aussi, donnent-ils aux événements le « coup de pouce » qui les présentera dans un jour avantageux. Un brin d’exagération ne fausse pas la vérité, ou si peu ; il suffit à changer du tout au tout l’aspect de cette vérité.

Piron fut académicien. Il le fut peu de temps, trop peu de temps à son gré. Ainsi s’expliquent ses deux vers. En juin 1753, l’Académie l’élisait dans les formes. Vingt-quatre heures après, le roi, qui exerçait le droit de veto sur toutes les élections, rejetait celle du licencieux poète.

Pour couper court aux commentaires, Sa Majesté