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la philosophie et les philosophes qu’il signala comme des dangers publics.

Le pauvre ! Les philosophes n’en firent qu’une bouchée. Voltaire fit la croisade des quand, des qui, des quoi, des car, des ah ! des oh !, en raison du nombre de ces mots dont était parsemée la diatribe de Pompignan. On lui dénie son titre de marquis, on l’assimile au bourgeois-gentilhomme, on ne lui épargne rien. Pour comble, les gens de son parti restent cois, aucun ne prend sa défense. Voltaire, enfin le terrasse par sa satire de la Vanité. Pompignan, s’enfouissant dans son Languedoc, ne reparut jamais à Paris.

Le parti philosophe prenait bientôt sa revanche en élisant La Condamine, savant qui avait un joli brin de plume.

Le lendemain de son élection, un quatrain courait dans Paris :

La Condamine est aujourd’hui
Reçu dans la troupe immortelle.
Il est bien sourd : tant mieux pour lui ;
Mais non muet : tant pis pour elle.

L’auteur de cette méchanceté était… La Condamine lui-même.

C’est à lui aussi qu’on doit cette boutade :

Sire Harpagon, confondu par le prône
De son pasteur, dit : « Je veux m’amender ;
Rien n’est si beau, si divin que l’aumône,
Et de ce pas je vais… la demander ».

Notre homme était extrêmement curieux. Passant dans l’appartement de la duchesse, où il demeurait,