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très élégant. Parmi les nommés, on comptait le cardinal Bourget, l’abbé duc de Montesquieu, les ducs de Lévis et de Richelieu, le marquis de Laplace ; quatre comtes : Laîné, Ferrand, Lally-Tollendal et Choiseul — Gouffier, le vicomte — philosophe Bonald, tous ceux-là pairs de France ; enfin, un membre du fameux déjeuner à la Fourchette (il en fallait bien un !), Louis-Simon Anger.

Anger écrivait beaucoup, mais mal. Comme on avait songé à nommer à sa place un certain Bouvet, quelqu’un fit ce quatrain :

De l’Institut Bouvet gratte à la porte.
L’admettrons-nous ? Plus tard on y pourra songer.
La bêtise aujourd’hui serait encore trop forte.
Pour aller pas à pas, nommons d’abord Anger.

Parmi les autres, Bonald était assurément un intellectuel de grande valeur. Lui mis à part, il ne restait qu’un homme de lettres, le sinistre Ferrand ; encore n’avait-il droit à ce titre, disait-on, que parce qu’il avait eu celui de directeur de la Poste aux lettres.

Montesquieu et Lally-Tollendal étaient de grands seigneurs (comme il en faut toujours à l’Académie, selon la conception de son fondateur) qui avaient montré un courage peu ordinaire au temps de la grande tourmente. N’est-ce pas l’abbé-duc qui avait porté à Bonaparte, premier consul, une lettre du futur Louis XVIII, dans laquelle celui-ci avait l’audace de reprocher au futur empereur « de bien tarder à lui rendre son trône » ? Lally-Tollendal, lui, avait offert à la Convention de quitter l’Angleterre pour défendre Louis XVI. Il se consacrait à la réha-