Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la passion des hommes et leur faiblesse, l’ardeur du sang, l’orgueil, les vieilles haines, tous les frémissements d’un ambitieux déçu qui voit triompher ses rivaux.

Joyeuse répondit au roi par une déclaration de guerre. À Toulouse, comme le Parlement était passé au parti du roi, Joyeuse le chassa.

Le duc de Ventadour et le maréchal de Martignon se disposèrent à marcher contre la ville. Joyeuse s’y mit en bon état de défense et les généraux du roi n’osèrent l’attaquer.

Peu de temps après, Rome accordait l’absolution au roi, qui signa enfin un traité avec Joyeuse. Celui-ci devenait maréchal de France, lieutenant général de Toulouse, gouverneur de Narbonne, etc.

On le vit ensuite mener un train d’un faste inouï. En 1597, sa fille épousait un Bourbon, le duc de Montpensier. Devenue veuve, elle devait épouser Charles de Lorraine, duc de Guise.

Le mariage célébré, on vit Henri de Joyeuse redevenir tout grave. Décidé à redevenir le Père Ange, il en informa le roi qui, incorrigible, s’écria : « Notre paix est assurée, puisque nos capitaines se font moines ».

Entré au couvent des Capucins de Paris, le père Ange était ensuite envoyé à Toulouse et, bientôt, obtenait de passer encore une fois dans sa chère Italie. Il entra à Rome les pieds nus, un cierge à la main. Il en ressortit pour aller à Venise, où il avait jadis étudié, afin d’apaiser un conflit entre le pape et le doge. Comme il rentrait en France, il mourut subitement, à Rivoli. Porté par deux mulets « bardés de blanc », accompagné d’une escorte de

23