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céder. Elle se maria, mais s’enfuit tout de suite, pour courir la grande aventure. Tour à tour professeur, journaliste, écrivain, bohème, la jeune rebelle connut la misère, la prison, mais aussi la liberté. Ses pérégrinations la ramènent au Wuhan, où elle apprit qu’au lendemain de son départ précipité, les seigneurs de la guerre avaient instauré leur propre terreur : toute jeune femme surprise les cheveux courts avait été fusillée sans autre forme de procès, car les cheveux courts dénotaient la révolutionnaire. Malgré tout, note Hsieh, « je ne puis vivre sans la révolution ».

Elle rentre pour quelque temps au village natal, se réconcilie avec sa mère, s’en va à Shanghaï où, en trois semaines, elle écrit deux livres dont les droits d’auteur lui permettent d’aller étudier au Japon. Elle quitte ce pays en 1931, après l’incident de Moukden, « chassée par les impérialistes ». Activité révolutionnaire, journalisme et littérature, enseignement, nouveau voyage au Japon : le temps passe. Soudain, à l’été de 1937, les Japonais envahissent la Chine.

Hsieh Pingying se trouve dans un sanatorium, car la fatigue et la maladie ont eu raison de sa forte constitution. N’empêche, dès le mois de septembre, elle part pour la zone de combat et elle y est encore. « Je ne rentrerai pas chez moi, a-t-elle juré, tant que les nains envahisseurs n’auront pas été vaincus ». L’ardeur de son patriotisme a vaincu la maladie.

Car il est arrivé à Hsieh Pingying l’aventure merveilleuse qu’ont connue tous les jeunes Chinois émancipés, qu’ils fussent du Kuomintang ou du parti communiste : ils ont senti se réveiller en eux l’amour du vieux sol chinois, qu’obscurcissaient,