Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/97

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lamente ? Il faut que la morte soit d’une noble famille. Tenons-nous à l’écart un moment ».

De même, dans notre histoire, le marquis de Varanbon, ayant entendu parler de l’excès de douleur d’Hélène, obtient une commission de don Juan d’Autriche pour la reine Marguerite et il file vers Liège ventre à terre. Il trouve, en arrivant, un convoi que suivent les belles dames et les grands seigneurs, un char entouré d’enfants et de prêtres chantant le De Profundis. Sur le char, « un drap blanc couvert de chapeaux de fleurs ». Il demande ce que c’est. On lui répond que « c’est le corps de Mlle de Tournon ».

Entendant ces mots, Varanbon « se pasme et tombe de cheval ». On le transporte dans un logis comme mort et le coup « le laissa quelque temps sans aucune apparence de vie ». Mais l’âme « estant revenue l’anima de nouveau pour luy faire esprouver la mort qui, d’une seule fois, n’eust assez puny son ingratitude ».

— On disputera encore longtemps, dans les pays de langue anglaise, sur la question de savoir si Marie Stuart fut une gourgandine ou bien une malheureuse victime de la grande Elizabeth. M. Jean Héritier, dans un beau livre paru récemment, semble avoir démontré sans l’ombre d’un doute que Marie fut, en effet, victime d’intrigues politiques. Si elle fut coupable, ce fut par imprudence. Mais ses adversaires l’ont si bien noircie pour justifier Elizabeth de l’avoir fait mettre à mort qu’on entretient encore des soupçons à son sujet.

Un fait certain, c’est que Marie Stuart était d’une beauté et d’une grâce si extraordinaires que les