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À LA LOUISIANE

assure-t-il. Première preuve ! D’Iberville en trouvera d’autres. Il peut interroger les sauvages, ayant, en quelques jours, appris assez de mots de leur langue chantante, avec cette facilité qu’il tient de son père, l’ancien interprète.

Les indigènes saluent les visiteurs en leur frottant le ventre et élevant les bras au ciel, puis, en guise de siège, donnent au chef de l’expédition une peau d’ours étendue sur des cannes. Tous fument. Deux jours se passent dans les réjouissances, où les mélopées succèdent aux danses : les belles filles, le torse bronzé sans voile, se tordent voluptueusement au son des callebasses emplies de graines. Il y a grand échange de cadeaux : peaux de chevreuil d’un côté ; rassades, justaucorps d’écarlate, bas et chemises rouges de l’autre. Visite au temple, orné de figures d’animaux rouge et noir, où un chef entretient le feu sacré. Là encore, souvenir de Tonti : une bouteille de verre double. Mais rien de plus précis.

Les sauvages font des cartes du fleuve ; d’Iberville y reconnaît hors de tout doute les mensonges d’Hennepin. Mais ses hommes en tiennent pour la « relation du Père Récollet, qu’il avait faite sur cette rivière, ne pouvant croire qu’il eust esté assez malheureux d’avoir exposé faux à toute la France, quoyque je sceusse bien qu’il avoit menty en bien des endroits de sa relation sur ce qu’il di-