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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

tages de Pensacola. Il donne des vivres à Martinez et lui prête la Précieuse pour en envoyer chercher à la Vera-Cruz, où l’on ne s’inquiète guère des malheureux. Les gens de la Vera-Cruz « estoient d’une grande tranquilité, ne s’embarrassant pas que cette garnison manquast. Ils se sont contentés d’envoyer dans ce traversier pour un mois de vivres », promettant d’expédier une hourque au printemps suivant. Pensacola est dans la plus extrême misère. « Ils sont sans vivres, sans hardes, sans argent, et de 180 il y en a soixante de forçats, qui sont ses meilleurs hommes. A mon arrivée, le gouverneur et les officiers estoient jour et nuit sur pied, appréhendant une révolte de ces gens, tous mescontens, qui désertaient tous les jours ». Et Pontchartrain a craint cette colonie !

D’Iberville envoie Sérigny et Chateauguay en caiche à l’île du Massacre, rejoindre Bienville, commandant de Biloxi depuis la mort de Sauvolle. Les trois frères établiront un magasin à l’île. Lui-même ne peut bouger, « estant arrêté au lit, depuis mon départ de Saint Domingue, par un abcès au costé, où il m’a fallu faire une incision à travers le ventre, de six pouces de long, qui m’a fait bien souffrir ».

Mais il n’en est pas moins actif. Pinasses, caiches et traversiers voyagent sans cesse de son navire au fort Maurepas, à Biloxi, à l’île du Massa-