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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

L’affaire est désespérée ; ils se battent en désespérés. Le soir, M. de Longueuil revient sur le dos de quatre sauvages, la jambe brisée, avec un soldat et douze Indiens. Les autres ont été tués, ou pris par les Iroquois, sort plus épouvantable. Mais Montréal est sauvé.

Cependant les Anglais veulent profiter de la démoralisation de la colonie. Ils attaquent les forts Frontenac et Niagara ; ils lancent deux partis contre Montréal et Québec. Les affaires du Canada vont mal. Pour redresser la situation, Versailles pense à l’ancien général de Candie, au bouillant gouverneur qui a su se concilier les sauvages et dont l’œuvre a été compromise, après son rappel en 1682, par deux maladroits, La Barre et Denonville.

Frontenac ne repousse pas l’offre de la cour, malgré ses soixante-dix ans. Il s’ennuie à Paris, où il ne connaît plus la grande faveur d’autrefois. Le temps est loin où le beau Frontenac pouvait occuper l’esprit de la Grande Mademoiselle ou bien enlever la belle Anne de la Grange, pour l’épouser malgré ses parents, à Saint-Pierre-aux-Bœufs, paroisse clémente aux pauvres amoureux ; le temps où il inquiétait le roi-soleil amoureux et où circulait sous le manteau la méchante chanson :

Je suis ravi que le roi, notre sire,
        Aime la Montespan ;
Moi, Frontenac, je me crève de rire,