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BERNARD-ANSELME DE SAINT-CASTIN
date. Saint-Castin recevait une lettre de la Cour annonçant sa nomination « au même commandement qu’avait son père » et des lettres d’État « pour surseoir les affaires qu’il a en France » 11.

Blessé d’une balle et de plusieurs coups de bayonnette ou de hache dans l’affaire de Port-Royal, Bernard-Anselme se trouva forcément immobilisé. Il en profita pour épouser, à 18 ans (on n’attendait jamais le nombre des années dans cette famille), soit le 21 octobre 1707, Marie-Charlotte d’Amours, fille de Louis d’Amours sieur de Chauffours et de Jemseck, frère d’armes de Jean-Vincent de Saint-Castin lors de l’expédition contre Pemquid.

Quelques semaines plus tard, c’est-à-dire le 7 décembre, les deux sœurs de Bernard-Anselme, Thérèse et Anastasie de Saint-Castin, épousaient, la première, Philippe Mius d’Entremont et, la seconde, Alexandre Le Borgne, fils de Le Borgne de Belle-Isle seigneur de Port-Royal. Les jeunes Saint-Castin s’alliaient aux meilleures familles de l’Acadie.


Bernard-Anselme se fixa à Port-Royal d’où il allait à Pentagoët, de temps à autre. Abandonnées de la France, les tribus ne faisaient plus que d’intermittentes incursions en Nouvelle-Angleterre. Le ministre se plaignait de leur commerce avec les Anglais. Le 30 juin 1707, il demandait à Subercase de les approvisionner afin d’empêcher ces échanges et de confier à un homme d’autorité comme Saint-Castin le soin de veiller à leur conduite. Le 21 août, il revenait à la charge. Il faut tâcher, écrivait-il. de ramener les Canibas qui sont allés traiter chez les Anglais et qui, au lieu de commercer avec ceux-ci, devraient les combattre. À cet effet, il est nécessaire d’envoyer des marchandises à Pentagoët et à Kennébec, ajoutait candidement le ministre, sans songer que Subercase dénué de tout ne recevait rien. Dès le 20 juin, le gouverneur de Port-Royal avait prévenu que les Abénaquis n’obtenant rien de France passaient à la Nouvelle-York en vue de la traite et, réunis aux Iroquois, pouvaient fort bien déclarer la guerre aux Français.

L’influence de Saint-Castin écartait toutefois cette calamité, et les sauvages continuaient leurs déprédations chez les Anglais, par intermittences il est vrai. Tandis que les forces de la Nouvelle-Angleterre s’acharnaient contre Port-Royal, à l’été de 1707, les Abénaquis restés à la frontière harcelaient les colons ennemis. Au printemps