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LE BARON DE SAINT CASTIN

glais ? Versailles répliquait, le 15 octobre de la même année, qu’il était mal renseigné. Quinze jours plus tard, dans une lettre au marquis de Vibraye, Pontchartrain repoussait l’idée qu’une escadre se préparait à Boston. Comme Subercase lui faisait part de ses inquiétudes, le ministre affirmait placidement, le 20 mai 1710 : les échecs subis par les Anglais en Acadie éloignaient toute possibilité d’attaque.

Quatre mois après, Port-Royal succombait.

Enfin, le 7 juin 1710, le ministre se rendait compte de la détresse de l’Acadie, puisqu’il exprimait ses regrets que le vaisseau destiné à Port-Royal eût relâché à la Martinique, et l’espoir que Subercase pourrait s’approvisionner à même les prises des corsaires. Mais, tout de suite après, soit le 10 août, le ministre osait, dans une lettre au pauvre Subercase, interdire aux Acadiens le tissage de la toile, sous prétexte que cette industrie domestique nuisait au commerce du royaume. Le ridicule venait s’ajouter à l’odieux.


— III —


Bernard-Anselme en Acadie. — Dès son premier combat, Bernard-Anselme (baron de Saint-Castin depuis la mort de son père) s’était couvert de gloire. Subercase. qui s’y connaissait en bravoure, écrivait au ministre, le 20 juin 1707 10 : « Le sieur de Saint-Castin que j’ai mis à la teste des habitans y a parfaitement bien fait son devoir ». Nous lisons encore dans un rapport daté du 20 décembre :

« Il (Subercase) a tiré de grands services du sieur de St Castin dans la dernière action des Anglois. C’est un jeune homme très brave et qui promet beaucoup par sa bonne conduite. Il l’a empesché de passer en France pour donner ordre aux affaires que la mort de son père luy a laissées parce qu’il est très nécessaire à l’Acadie ; il luy a promis que Sa Majesté luy accorderoit un ordre pour suspendre ses affaires jusqu’à ce qu’il puisse venir. Il propose de l’establir commandant de tous les sauvages avec la paye de lieutenant d’infanterie ». Notons que le père, Jean-Vincent, n’avait eu ni ce titre ni cette solde.
Le 24 août 1707, le ministre écrivait à Subercase et à Saint-Castin, se déclarant satisfait de la conduite du jeune baron et de la peine qu’il s’était donnée en vue de rassembler les habitants et de les mener au combat. Le 6 juin 1708, il annonçait à Subercase : « Le roi trouve bon qu’il donne le commandement des sauvages à Saint-Castin. Il est habile et fort capable de les gouverner ». À la même