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LE BARON DE SAINT CASTIN
Majesté. Nous remettant au surplus à l’expérience et bonnes conduitte du Sieur baron de St-Castin sur ce que nous pouvons avoir oublié dans la présente instruction.
Fait à Québec ce 18e janvier 1711.


Les sauvages harcelaient toujours les Anglais, et dès son retour à Pentagoët (où il se fixa, cette fois) Bernard-Anselme s’occupa de coordonner leur action.

Au printemps de 1711, les sauvages arrivèrent en Nouvelle-Angleterre « avec les oiseaux », affirme Sylvester. Animés d’une ardeur nouvelle, ils multiplièrent les massacres. Si bien que, voulant à tout prix se défaire d’eux assure Belknap, Nicholson passa en Angleterre afin de demander à la métropole une flotte et une armée destinées à la conquête du Canada. Ce fut l’expédition de Walker, dont le remarquable insuccès encouragea fort les Indiens, qui tinrent la campagne jusqu’en 1713.

Le jeune Saint-Castin n’était pas moins heureux dans ses autres entreprises.

En juin 1711, il envoyait 40 Abénaquis, sous les ordres du chef L’Aymalle, contre un parti d’Anglais qui molestaient les habitants. À dix milles de Port-Royal, en un lieu appelé depuis l’Anse-au-Sang, 80 Anglais montés en trois embarcations tombaient dans une embuscade, où trente perdirent la vie et les autres furent capturés.

Cet exploit plut fort aux habitants des campagnes, déjà mécontents de la façon cavalière dont le gouverneur anglais les traitait. Unis aux sauvages, ils campèrent sous les murs du fort dont la garnison avait été réduite, par une épidémie, de 450 à 100 hommes.

Le marquis d’Alogny se préparait à partir de Québec avec douze officiers et 200 hommes pour renforcer Saint-Castin qui avait grand espoir de prendre Port-Royal 16. On apprit alors que la flotte de Walker avait mis à la voile de Boston. Alogny ne bougea pas et Saint-Castin leva le siège.

Un grand nombre d’Acadiens durent se soumettre, parce que les Anglais incendiaient leurs habitations. Bernard-Anselme les rappela rudement au sentiment de leur devoir, les menaçant même du courroux des sauvages dont la haine envers les Anglais restait intacte. Voici sa lettre du 3 septembre 1711 « aux habitants de la banlieue du Port-Royal » :