Le 8 avril, il envoyait à Saint-Castin même une lettre fort habile, où il ne craignait pas de se servir du style indien.
Le ministre n’avait pas encore pénétré la psychologie des sauvages. Les bons Peaux-Rouges, pensait-il, éprouvaient à l’égard des Français une affection de bons chiens qui suivent partout leurs maîtres. Il ne se rendait pas compte de l’attachement passionné qu’ils éprouvaient pour le territoire de leur tribu, et que seul cet attachement les avait portés à combattre l’Anglais envahisseur. Ce dernier projet n’eut pas plus de succès que le premier.
Saint-Castin passa l’hiver avec sa tribu, à Panamské, sur la rivière Pentagoët, mais à l’intérieur des terres. Les sauvages avaient ainsi l’habitude d’hiverner loin de la mer. Au printemps, il ne négligea rien pour entraîner les indigènes à sa suite, mais ses efforts échouèrent. Les Indiens n’ignoraient pas le traité, désastreux pour les colonies, conclu à Utrecht par la France. Ils continuèrent les hostilités pendant quelque temps, mais, à la fin de l’année, ils négocièrent avec les Anglais, à Casco, une paix qu’ils renouvelèrent à Arrowsic, l’année suivante, mais qu’ils brisèrent deux ans plus tard, afin d’empêcher l’érection d’un fort à Beaubassin.
Bernard-Anselme passe en France. — Bernard-Anselme passait en France avec les derniers bateaux de 1714. Le roi lui refusant même les vivres essentiels, sa situation à Pentagoët devenait intenable 18.
Il désirait mettre ordre à ses affaires du Béarn. La mort de son père, en 1707, avait redonné de la vigueur