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Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/23

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DÉBUT DE L’AVENTURE

La population ne pouvait fournir l’appoint nécessaire. Le recensement de 1686 relevait en Acadie 885 habitants. La Nouvelle-Angleterre en comptait 75 000 !

Enfin, Grandfontaine ne s’entendait pas du tout avec son lieutenant. Dans une lettre du 2 novembre 1671, Talon racontait que ce dernier, brouillé avec le gouverneur de l’Acadie, était venu à Québec, du consentement de son supérieur, en vue d’exposer ses griefs. Talon avait décidé de le garder dans la capitale de la Nouvelle-France : l’aigreur était telle entre les deux hommes, écrivait-il, qu’ils se seraient portés à des extrémités. L’intendant se proposait de le ramener lui-même en Acadie, où il projetait de se rendre avant de passer en France. Comme ce projet ne se réalisait pas, Frontenac, afin de séparer les deux ennemis tout en les gardant en Acadie, expédia Marson « dans la rivière Saint-Jean au fort de Gemmesieq y commander à neuf hommes que M. le chevalier de Grandfontaine avait détachés de sa garnison ». Auparavant, le nouveau commandant de Jemseck se rendit à Boston réclamer un vaisseau piraté par les Anglais. En même temps, il avait mission d’offrir à Temple, dégoûté du gouvernement de Boston qui ne lui versait pas le dédommagement promis, de vivre en Acadie, y ramenant les familles françaises établies chez les Anglais 8.

Grandfontaine n’aspirait qu’à être relevé de ses fonctions. M. de Frontenac, qui ne l’aimait pas, y mit la main. Le 5 mai 1673, le gouverneur de l’Acadie recevait l’ordre de repasser en France « pour vaquer à ses affaires particulières ». Chambly devait le remplacer 9.


— VII —


Les voyages de M. de Saint-Castin. — Pendant ce temps, Saint-Castin remplissait ses fonctions d’officier subalterne, les plus efficacement utiles bien que les plus obscures. Il se tenait à l’écart des querelles, comme il devait le faire toute sa vie.

C’est Saint-Castin qui avait été chargé de rétablir le fort de la rivière Saint-Jean dont M. de Marson devenait commandant.

Il avait remis le fort en état et y avait installé les canons d’un autre établissement « qui était dans les terres à 25 lieues ».