Page:David - Esquisse biographique de Sir George-Étienne Cartier, 1873.djvu/22

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On aurait dit rarement, à l’entendre parler, qu’il avait un jour commercé avec les muses. Ses discours étaient secs comme les déserts du Sahara, les fleurs de la littérature et de l’éloquence n’y croissaient pas. Il parlait à bâtons rompus, par soubresauts, avec des faits, des précédents et des souvenirs que son heureuse mémoire lui fournissait comme par enchantement. Il savait fort à propos rappeler à ses adversaires des faits qu’ils croyaient oubliés. Il ne se battait pas comme les guerriers antiques avec des armes bien fourbies d’avance, toute flamboyantes ; non, sous ce rapport il ressemblait aux braves enfants de la Verte Erin qui saisissent tout ce qui leur tombe dans la main, un caillou, un bâton et frappent sans pitié : chaque coup portait. Ses paroles retentissaient dans la Chambre comme les coups de marteau sur l’enclume, malheur à ceux qui avaient la tête trop près de lui et les oreilles aussi. Il savait du reste ce qu’il fallait dire pour satisfaire la majorité, qui aimait son éloquence rude, franche, mordante et substantielle.

Les honneurs ne lui ont pas manqué ; en Angleterre comme en Canada, on a rendu hommage à ses talents et à ses services publics. En 1868, ayant refusé le titre de compagnon du Bain, qu’on lui offrait, lorsque Sir John recevait celui de chevalier, l’Angleterre appréciait favorablement le sentiment d’orgueil bien placé qui l’animait et le créait baronnet.

Comme la plupart de nos hommes remarquables, il