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LAURIER ET SON TEMPS

esprits récalcitrants que le pays, sous la Confédération, peut marcher dans la paix, l’harmonie et le progrès.

Comme Lafontaine, il a accepté le fait accompli, et entrepris d’en tirer le meilleur parti possible, en invitant les hommes de toute race et de toute religion à mettre leurs aptitudes et leurs facultés si diverses au service de l’intérêt commun, à unir leurs forces pour faire du Canada l’un des pays les plus riches, les plus heureux de la terre.

Il devrait maintenant entreprendre d’assurer l’autonomie et l’avenir des provinces, en leur donnant les moyens de faire les choses les plus nécessaires à leur développement.

Il est un fait incontestable et regrettable : la population du Canada n’augmente pas en proportion de son commerce et de son industrie. Et pourtant, il y a dans les vieilles provinces, dans celle de Québec en particulier, des territoires immenses inhabités, où des millions d’hommes pourraient vivre heureux et contribuer à la prospérité générale. Les gouvernements de ces provinces disent avec raison que les auteurs de la Confédération, en leur enlevant les droits de douane et d’accise, les ont dépouillés de leurs principales sources de revenu, que la compensation qui leur a été accordée, sous forme de subside fédéral, est devenue insuffisante et ne leur permet pas de faire les sacrifices que demandent la colonisation, l’agriculture, l’instruction publique, tout ce qui aurait pour effet d’augmenter le chiffre et la richesse de leur population.

Il est certain que l’allocation annuelle de 80 cents par tête, basée sur le chiffre de la population de 1868, a cessé depuis longtemps d’être en rapport avec l’augmentation des droits de douane et d’accise, avec les besoins des provinces.

Un remaniement du subside fédéral s’impose dans l’intérêt même du gouvernement fédéral qui profitera plus directement que les provinces de l’accroissement de leur population, et dans l’intérêt de la paix et de l’harmonie, afin