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LAURIER ET SON TEMPS

d’une simple nomination de commis comme à propos d’un projet de loi important.

Tous les jours, elle fait surgir une nouvelle difficulté, un nouveau problème qu’il faut résoudre par la conciliation, par le compromis.

Le compromis a engendré la Confédération et il la fait vivre.

Et comme c’est la minorité qui est appelée à faire la plus grande part de sacrifices et de concessions, les hommes publics qui la représentent demandent constamment jusqu’où ils peuvent aller dans la voie de la conciliation, sans froisser leur conscience ou le sentiment public, sans violer un droit, un principe.

C’est une politique énervante.

Qu’arrivera-t-il le jour où la minorité blessée dans son honneur et ses sentiments les plus chers, refusera de se soumettre à la volonté d’une majorité tyrannique ?

Nous aurons l’union de toutes les provinces anglaises contre la province de Québec.

Certes nos hommes publics doivent tout faire pour éloigner ce jour fatal, pour éviter ce danger alarmant. Mais le pourront-ils toujours ?

Où est l’homme qui aura comme Laurier, la force, l’autorité nécessaire pour faire entendre aux heures d’excitation, le langage de la raison aux uns et aux autres, aux Anglais comme aux Canadiens-français, pour apaiser les passions religieuses ou nationales ?

Quand aurons-nous un Canadien-français, réunissant tant de talents et de qualités, si complet, si parfait, si habile et si honnête en même temps, que tous, Anglais comme Canadiens-français, catholiques comme protestants, reconnaîtront son mérite et le jugeront digne d’être leur chef.

À tout événement, ses œuvres et ses discours resteront comme un flambeau pour les générations futures, et sa vie sera une leçon, une glorieuse leçon pour la jeunesse ; elle