Page:David - Laurier et son temps, 1905.djvu/19

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naissance d’une belle et bonne jeune fille, qui, pour l’attendre, avait refusé un mariage avantageux. Ayant appris, un jour, combien elle lui était restée fidèle et dévouée, il se rendit à Montréal, l’épousa le lendemain, repartit immédiatement après pour Arthabaska, et vint quelques semaines après chercher son épouse. Les circonstances donnèrent à ce mariage une couleur romanesque qui ne manqua pas d’intérêt.

L’expérience démontrait que, sur ce point comme sur beaucoup d’autres, son flair l’avait bien servi, qu’il avait choisi pour être la compagne de sa vie une femme digne de lui, qui ne serait déplacée nulle part, lui ferait honneur dans toutes les positions, lui serait absolument dévouée, et serait capable de tout faire pour la santé, le bonheur et le succès de son mari.

Il eut aussi le bonheur d’avoir pour associé, à Arthabaska, un avocat laborieux, au jugement sain, à l’esprit pratique, qui est aujourd’hui le juge Lavergne.

Ils se firent en peu de temps une belle clientèle, qui permit à Wilfrid Laurier de jouir de la vie, au milieu d’une nature grandiose, de la société la plus aimable, la plus intelligente. C’est là, à Arthabaska, qu’il a passé la plus grande et la meilleure partie de sa vie ; c’est là, dans le calme et la sérénité, qu’il a formé et embelli son esprit, par les lectures les plus variées, par les études les plus fortifiantes. C’est là qu’il a emmagasiné dans son cerveau tant de connaissances, qu’il s’est préparé lentement mais sûrement à jouer un si grand rôle.

Il aimait Arthabaska parce qu’il aime la nature, les fleurs, les arbres et les douces jouissances de la vie simple et frugale de la campagne, et parce qu’il y trouvait un groupe intéressant d’hommes instruits et de femmes spirituelles, dont l’esprit charmait ses loisirs. Où trouver ailleurs la verve étincelante et la conversation inépuisable des Pacaud et des Plamondon ? Arthabaska avait aussi ses poètes,