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LAURIER ET SON TEMPS


Laurier à Québec


Sa parole éloquente, ses plaidoiries savantes et son caractère bienveillant le rendirent en peu de temps populaire et convainquirent les électeurs de Drummond-Arthabaska que le successeur de l’homme qu’ils avaient tant aimé méritait leur sympathie et leurs suffrages. Aussi, aux élections de 1871, ils l’envoyèrent siéger à la Chambre provinciale.

Chauveau était alors chef du cabinet. Vu l’existence du double mandat, on voyait dans la Chambre de Québec quelques-uns des représentants les plus distingués du parlement fédéral, des ministres même, les Cartier, les Holton, les Laframboise, les de Boucherville, les Ouimet, les Chapleau, etc.

Les premières années du parlement provincial avaient été douces, paisibles et heureuses pour M. Chauveau et les membres de son gouvernement ; rien n’avait troublé leur bonheur. M. Chauveau conduisait la barque ministérielle, comme un bon berger conduit son troupeau, en jouant du chalumeau, et M. Joly était le chef d’une opposition composée de quelques hommes, échappés au désastre de 1868. C’était un chevalier du moyen âge en face d’un poète. Ils se combattaient en se couvrant de fleurs et se hâtaient de panser les blessures légères faites par leurs lances bienveillantes.

Lorsque la session de 1871 s’ouvrit, parmi les nouveaux députés, celui qui attirait le plus l’attention publique, était Laurier. On avait hâte, à Québec surtout, la ville curieuse