Aller au contenu

Page:David - Laurier et son temps, 1905.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
LAURIER ET SON TEMPS

tion sur parole, et souteniez qu’ils ne pouvaient subir un procès que lorsqu’ils violeraient cette parole ?

« Grant. — Oui, c’était là ma manière de voir.

« Eldridge. — Considériez-vous que cela s’applique à Jefferson Davis ?

« Grant. — Non, monsieur, car lui n’avait pas donné sa parole. Cela ne s’appliquait à aucune des personnes capturées qui n’avaient pas donné leur parole.

« Eldridge. — Le Président insistait-il pour que le général Lee subît son procès pour trahison ?

« Grant. — C’était sa prétention… Je persistai à dire que le général Lee n’aurait pas rendu son armée ni rendu les armes, s’il eût supposé qu’après s’être rendu il dût subir un procès pour trahison et être condamné.”

« Eh bien, n’est-il pas manifeste, comme l’a dit l’autre soir l’honorable député de West-Huron, que si Riel eût supposé qu’en se rendant il subirait le même sort que s’il était fait prisonnier, jamais il ne se fût rendu, mais qu’il eût fait ce qu’ont fait Gabriel Dumont et plusieurs autres ? Pour revenir au précédent américain, qui peut douter que des deux hommes, Andrew Johnson et le général Grant, le véritable homme d’État, le vrai patriote était celui qui plaidait en faveur de la clémence ?

« On voit le résultat aujourd’hui. Vingt ans à peine se sont écoulés depuis que cette rébellion, la plus formidable qui ait jamais désolé un pays, a été subjuguée, et précisément à cause de la politique de clémence adoptée par les vainqueurs, les deux sections de ce pays sont aujourd’hui plus intimement unies que jamais auparavant, plus intimement qu’elles ne l’avaient été lorsqu’elles avaient combattu pour l’indépendance. Voilà l’exemple qu’aurait dû suivre le gouvernement canadien ; car, je le répète, ce n’est pas en répandant le sang qu’on fera une nation unie de la nôtre, mais uniquement en se montrant généreux, miséricordieux pour toutes les offenses politiques. Le gouvernement dit