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LAURIER ET SON TEMPS


La question des écoles du Manitoba


La législature du Manitoba avait, au mépris de la constitution, abrogé les lois en vertu desquelles les catholiques de cette province jouissaient d’écoles séparées, et le gouvernement fédéral avait été mis en demeure de désavouer cette législation injuste. On disait avec raison que si le droit de désaveu n’était pas lettre morte, c’était le temps de l’appliquer. Mais au lieu d’insister sur leur demande, les catholiques suivirent le conseil qu’on leur donna de s’adresser aux tribunaux et d’attendre le résultat du litige.

Les tribunaux — le Conseil privé compris — décidèrent que l’Acte des écoles de 1870 était constitutionnel. Les catholiques eurent alors recours à la clause de l’Acte du Manitoba qui décrète qu’on pourra en appeler de l’Exécutif contre toute décision de la Législature d’une province pouvant affecter les droits ou privilèges de la minorité catholique ou protestante des sujets de Sa Majesté, relativement à l’instruction publique.

Le Conseil privé jugea contrairement à la Cour suprême, que le Parlement pouvait, sans rétablir les lois abrogées par l’Acte de 1870, remédier aux griefs des catholiques du Manitoba. Mais le mode à suivre, les mesures à adopter étaient laissées à la discrétion des autorités à qui la chose est confiée par le Statut.

M. Tupper, qui avait remplacé M. Bowell, crut que le gouvernement ne pouvait plus reculer. Il soumit à la Chambre, dans le mois de mars, un projet de loi, qui en