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LAURIER ET SON TEMPS

cause même des défectuosités qui en détruisaient l’efficacité.

M. Laurier et ses amis étaient inquiets, indécis ; ils voulaient sincèrement le rétablissement des écoles séparées, mais ils croyaient que le seul moyen de régler la question de manière à respecter l’autonomie des provinces et à éviter des complications sérieuses, était d’avoir recours à la conciliation, de s’adresser à l’esprit de justice du gouvernement manitobain et de consentir à faire une enquête pour établir des faits importants, enquête acceptée d’ailleurs par ce même gouvernement.

En face d’une loi d’expédient, dont le seul but était de rallier les forces indécises du parti conservateur, M. Laurier crut qu’il avait le droit de la juger au point de vue politique, de se placer sur le même terrain que ses adversaires. Il se souvenait que, plusieurs fois déjà, il s’était joint aux conservateurs pour obtenir la reconnaissance des droits des catholiques, et que, chaque fois, les libéraux des autres provinces s’étaient compromis inutilement au profit des conservateurs.

Les libéraux ne voulaient pas, cette fois, tirer les marrons du feu pour leurs adversaires, et leur permettre d’échapper au danger qui les menaçait, en leur aidant à faire passer une loi inefficace et illusoire. Ils crurent qu’ils avaient parfaitement le droit de croire et de dire que le mode adopté par le gouvernement pour régler la question des écoles, n’était pas le meilleur.

De plus, Laurier a toujours prétendu — et il prétend encore — que s’il n’avait pas trouvé le moyen de donner satisfaction aux libéraux anglais, McCarthy, le chef du parti nationaliste anglais, aurait fait adopter une résolution qui l’aurait rendu maître de la situation et mis à la tête d’une coalition des provinces anglaises.

Il dit que jamais il n’hésita et ne réfléchit autant avant de prendre un parti, une décision, avant de franchir le Ru-