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Page:David - Laurier et son temps, 1905.djvu/91

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LAURIER ET SON TEMPS

Un bon nombre de protestants trouvèrent ces concessions trop libérales, et en profitèrent pour soulever contre le premier ministre Greenway des sentiments d’hostilité qui finirent par ruiner son influence politique. On l’accusait presque de trahison.

D’un autre côté, Mgr Langevin et tous les évêques de la province de Québec repoussèrent avec indignation le règlement proposé et entreprirent contre le parti libéral une croisade terrible.

N’ayant pu réussir devant le peuple, ils résolurent de l’emporter cette fois en s’adressant à Rome pour obtenir la condamnation du règlement et du parti libéral.

Ils furent bien près de réussir, mais au moment où tout semblait désespéré pour les libéraux, Laurier obtenait l’envoi d’un délégué apostolique chargé de faire rapport au Pape sur la situation religieuse au Canada et sur la question des écoles du Manitoba.

Mgr Del Val fut chargé de cette importante mission. C’était un jeune homme, mais il avait un jugement solide, mûri par l’étude, une droiture d’esprit admirable et une fermeté inébranlable.

Le résultat de sa mission remplit de joie tous les libéraux. Le Pape décida que les catholiques étaient libres de choisir le mode qu’ils croyaient le plus propre à faire triompher les droits des catholiques du Manitoba, et que les autorités religieuses devaient accepter les concessions importantes que contenait le règlement, tout en s’efforçant d’en obtenir de plus grandes.

Sa Sainteté rappelait aussi les décrets qui, plus d’une fois, avaient été émis par Rome, pour défendre au clergé canadien de s’immiscer dans les luttes politiques, et demandait aux évêques de faire respecter ces décrets.

Cette décision fit éclater la sagesse de Rome, donna raison à ceux qui avaient toujours prétendu que les libéraux