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les patriotes

traverser le Saint-Laurent afin qu’ils pussent coopérer avec ceux du sud à la prise de Sorel.

« L’attaque de ce fort devait se faire la nuit, et l’heure arriva sans qu’il se manifestât aucun indice de mouvement du côté sud du fleuve. Le capitaine Pacaud, avec quelques matelots, traversa à Sorel à la faveur des ténèbres afin de s’assurer de l’état des choses. Il vit que le coup était manqué. Les patriotes attendirent en vain. McDonald crut devoir alors chercher son salut dans la fuite ; il s’embarqua dans un canot avec le Dr  Lafontaine, de Berthier, et descendit le fleuve. Mais une brume des plus épaisses fit qu’il s’égara sur le lac Saint-Pierre. Le capitaine Pacaud avait pris la même direction avec son bateau à vapeur, mais la brume le força de jeter l’ancre, ce qui fit que le canot se rendit de jour, le lendemain, à Nicolet, et le bateau à vapeur au port de Saint-François.

« McDonald, exténué de fatigue, au lieu de se réfugier chez un patriote (il devait en connaître plusieurs), entra dans un hôtel tenu par un nommé Antoine Beauchemin ; c’était justement le nid des torys de Nicolet. Il y fut arrêté et le vapeur Swan fut saisi par les autorités militaires au port Saint-François. Cette arrestation et cette saisie causèrent une grande joie parmi les torys, qui, avec leurs femmes et leurs filles en grand nombre, accompagnèrent McDonald jusqu’aux Trois-Rivières, d’où il fut dirigé sur Montréal. Le vapeur Swan fut escorté par le vapeur Canada jusque dans le port de cette ville, où il y fut solidement enchaîné.

« Le capitaine Pacaud sut conserver sa liberté où McDonald avait perdu la sienne. Il se rendit secrètement à Nicolet avec trois de ses frères, MM. C.-A. Pacaud, G.-J. Pacaud et Hector Pacaud. Là, bien armés et