Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
les patriotes

« — Comment, tout droit ? Mais le corps de garde ?

« — Nous le forcerons !

« — Diable ! Savez-vous qu’ils sont au moins quarante hommes armés jusqu’aux dents ?

« — N’importe ! nous sommes cinq braves ; nous avons nos pistolets ; nous fondons sur eux à l’improviste ; nous en assommons quelques uns, nous culbutons les autres, et, à la faveur du désordre et des ténèbres, nous piquons des deux vers la frontière… et, enfoncés les habits rouges ! En êtes-vous ?

« — J’en suis ! répondit son frère.

« — Et mois aussi ! s’écria l’homme au trophée sanglant. Qui veut me prendre en croupe ?

« — Monte la jument du guide, dit M. Pacaud ; je te l’achète.

« — Le marché allait se conclure, lorsque les deux autres fugitifs intervinrent et refusèrent leur concours à un projet aussi périlleux. Il fallut donc y renoncer et retourner en arrière à tous hasards.

« Ils atteignirent Saint-Hyacinthe sans encombre.

« M. Pacaud se rendit tout droit chez lui. La maison qu’il habitait avait une aile dont le comble venait appuyer son extrémité en amont du toit principal, ce qui laissait, sous la couverture de l’aile en question, un vide sans issue. Couper une planche et s’introduire à l’intérieur, furent pour notre fugitif l’affaire d’un instant. La planche, replacée sur les chevrons, dissimulait si bien la cachette, que les plus fins limiers ne l’auraient pas éventée.

« Il était temps, car les troupes anglaise entraient dans le village.

« On fit les perquisitions les plus minutieuses ; les deux corps de logis furent fouillés — en apparence — dans tous les recoins, mais sans aucun résultat. M. Pacaud entendait tout du fond de son réduit, et, plus d’une fois, malgré son anxiété bien naturelle, il ne put