Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
les patriotes

« Tout dernièrement encore, vous avez pris part à une assemblée de conspirateurs réunis pour organiser une insurrection nouvelle :

« Haute trahison !

« Vous avez importé d’un état voisin des armes et des munitions pour le service des rebelles :

« Haute trahison !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Quelques jours plus tard, les prisonniers, au nombre de vingt-sept, quittaient Saint-Hyacinthe sous bonne escorte, en route pour Montréal. À Saint-Charles, le convoi se grossit encore. Et l’on allait à petites journées, emportant avec soi beaucoup de pitié pour les uns, beaucoup de malédictions pour les autres. Les habitants étaient exaspérés ; ils en avaient le droit. Un trait démontrera le sans-gêne avec lequel les troupes anglaises traitaient la population inoffensive.

« Dans une des concessions de Varennes, le détachement s’arrêta devant une auberge ; et l’un des officiers invita M. Pacaud à entrer se désaltérer avec lui. M Pacaud accepta. La maîtresse de la maison était seule ; son mari avait pris la clef des champs. Elle leur servit deux verres d’eau-de-vie ; et M. Pacaud, voyant que l’officier se disposait à partir sans payer, tira de sa poche quelque monnaie pour solder l’écot.

« — Laissez donc, dit l’officier, c’est des bêtises, ça ; ne sommes-nous pas en pays conquis ?

« — Comment ! s’écria notre ami, me croyez-vous assez coquin pour piller ainsi une pauvre femme sans protection !

« L’officier eut honte, et paya.

« ils atteignirent Longueuil sur le soir.

« On allait parquer les prisonniers pour la nuit dans une misérable salle dont le plancher, couvert d’immondices, exhalait une puanteur insupportable ; mais Pacaud obtint, par l’entremise du brave lieutenant