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les patriotes

les chefs eurent de la peine à les empêcher de se ruer contre leurs insulteurs.

Les Anglais avaient une association qui répondait à celle des Fils de la liberté, mais une association secrète composée de grands Écossais et de jeunes gens bien faits qui s’étaient distingués déjà dans les émeutes. Ils n’étaient pas pressés de se mesurer avec les Fils de la liberté, mais les appels sanguinaires des bureaucrates finirent par produire leurs fruits, et les membres du Doric Club crurent qu’ils devaient frapper un grand coup.

Les Fils de la liberté devaient s’assembler, le 6 novembre, ainsi qu’ils avaient l’habitude de le faire, le premier lundi de chaque mois. Comme ils avaient l’intention d’ajourner leurs réunions au mois de mai suivant, ils voulurent que leur dernière démonstration eût un grand succès, et pour montrer qu’ils n’avaient rien à craindre ni à cacher, ils annoncèrent que l’assemblée aurait lieu au cœur de la ville, dans une grande cour de la rue Saint-Jacques, à côté de l’endroit où se trouve maintenant l’hôtel d’Ottawa.

Les membres du Doric Club crurent que le moment d’agir était arrivé. Ils firent afficher partout des placards dans lesquels on disait qu’il fallait écraser la rébellion à sa naissance ; on invitait les loyaux à se réunir, le même jour à la Place-d’Armes.

Les magistrats effrayés ne savaient que faire pour éviter la lutte qui se préparait. MM. Brown et Ouimet les avertirent que rien n’empêcherait leur assemblée d’avoir lieu. « C’est notre droit, dirent-ils, et nous ne l’abandonnerons pas sous le coup des menaces ; ce n’est pas nous qui créerons le désordre et commencerons la bagarre ; contrôlez vos gens comme nous saurons contrôler nos amis ; pour montrer notre désir de garder la paix, nous n’aurons ni musique ni drapeaux, nous nous réunirons sans armes comme citoyens et nous