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les patriotes

grange, et l’autre derrière une clôture construite partie en bois et partie en pierre. De ces deux postes les patriotes entretinrent pendant près de cinq heures un feu nourri sur les volontaires qu’ils atteignaient difficilement, et seulement, lorsque pour tirer, ceux-ci apparaissaient aux fenêtres de l’église.

Il y avait parmi les patriotes des chasseurs dont le tir était admirable, et qui, répétant ce que les Laflèche et les Bourdages avaient fait à Saint-Denis, culbutaient chaque soldat qui se présentait, la mèche à la main, pour faire partir le canon placé devant l’église.

Les volontaires, furieux des ravages que faisaient parmi eux les balles des patriotes embusqués derrière la clôture et surtout derrière la grange, résolurent de leur porter un coup mortel en mettant le feu à cette grange. Après plusieurs tentatives qui leur coûtèrent la vie de sept ou huit hommes, ils réussirent ; bientôt la grange s’écroula, et les patriotes, privés de cet abri, allèrent joindre ceux qui combattaient derrière la clôture, où la position n’était pas aussi avantageuse.

Pour comble de malheur, vers quatre heures, les munitions des patriotes étaient presque épuisées, les volontaires recevaient un renfort de cent hommes de Caldwell Manor, et, quittant l’église, se préparaient à cerner les patriotes.

« Nous sommes perdus, » dit le brave major Hébert à ceux qui l’entouraient. Un conseil des officiers fut improvisé à la hâte, et l’ordre de retraiter fut donné. La retraite se fit en assez bon ordre ; les volontaires, fatigués du combat, ne jugèrent pas à propos de poursuivre les vaincus.

Quelle fut la conduite de Nelson pendant cette journée ? Il est étonnant que les opinions soient si partagées à ce sujet ; les uns disent qu’il s’enfuit au commencement de la bataille, les autres affirment qu’il se comporta bien pendant l’action et ne disparut qu’à la fin du