Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
les patriotes

il vit qu’il fallait mourir, il pleura et tomba dans un grand abattement, mais il reprit ensuite son courage et ne s’occupa plus que de bien mourir. Il reçut les derniers sacrements avec beaucoup de ferveur, et montra une grande résignation pendant les terribles préparatifs de l’exécution. Toutes les personnes présentes le regardaient avec pitié. Il était si jeune pour mourir sur l’échafaud !

Mais on n’épargna pas plus la jeunesse que la vieillesse,


les deux sanguinet


Les deux Sanguinet étaient frères. Ils appartenaient à une des familles les plus anciennes et les plus importantes du pays. Leur père était propriétaire de la seigneurie Lasalle dans le comté de Laprairie, mais il en fut dépouillé par le gouvernement du despote Craig, malgré un jugement de la Cour du banc de la reine en sa faveur. M. Sanguinet fut ruiné et ses ennemis se partagèrent ses dépouilles. On prétend que quelques-uns des conseillers du gouvernement eurent leur part.

Les Sanguinet étaient convaincus qu’ils avaient été ruinés, volés même par le gouvernement ; cela explique l’ardeur avec laquelle ils embrassèrent la cause libérale en 1837. Le motif personnel se joignait chez eux aux raisons d’intérêt politique et national. Aussi, dès 1822, on trouve leurs noms parmi les signataires d’une pétition contre l’union du Haut et du Bas-Canada. En 1828, ils prenaient part à une grande assemblée convoquée à Saint-Philippe, dans le but de demander le rappel de lord Dalhousie qui avait refusé de reconnaître l’élection de M. Papineau comme orateur de la Chambre d’assemblée. En 1834, ils contribuaient grandement par leur activité à faire élire l’infortuné Cardinal député du comté de Laprairie.