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les patriotes

vant l’occasion bonne pour exercer son zèle, envoya une compagnie de volontaires battre le bois. Dans une misérable cabane, qu’on avait cru d’abord inhabitée, on trouva Nicolas à moitié mort de froid et de faim. On l’arrêta et on le conduisit à la prison de Montréal.

C’était le 18 janvier.

Nicolas passa sous l’échafaud où, quelques heures auparavant, ses amis Decoigne, Robert, les deux Sanguinet et Hamelin avaient été exécutés.

L’un de ses gardiens lui dit :

— Regarde ces cordes, il y en a une qui t’attend. Nicolas répondit tranquillement :

— Je mourrai comme j’ai vécu, en patriote.

Son arrestation remplit les bureaucrates de joie, ils crièrent sur tous les tons que cette fois il n’échapperait pas.

« La providence favorise évidemment les loyaux, dit un journal anglais, puisqu’elle a livré à la justice un si grand coupable ; personne ne convient mieux à l’échafaud que Nicolas. »

Les autorités, heureuses de jeter une si bonne proie en pâture à ces fanatiques, se hâtèrent de faire le procès de Nicolas. Huit jours après son arrestation, il comparaissait devant la cour martiale.

Sachant que son sort était fixé d’avance, Nicolas fit peu d’efforts pour se défendre ; il se prépara à mourir. Ses ennemis ne purent s’empêcher d’admirer son sang froid, sa bonne mine et la dignité de son maintien.

Il monta sur l’échafaud, le 15 février, en même temps que de Lorimier, Hindelang, Daunais et Narbonne. Il parla à la foule, mais ses paroles sont rapportées de manières si différentes par les journaux du temps qu’on ne sait pas au juste ce qu’il a dit. Les uns prétendent qu’il exprima le regret d’avoir pris part à la rébellion,