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les patriotes

lever la vie, mais jamais ce qu’il y a dans mon âme. Je meurs dévoué comme toujours à la cause sacrée de la liberté, la conscience tranquille, convaincu d’avoir fait mon devoir en combattant pour la liberté canadienne. »

Puis, après une tirade enflammée contre l’Angleterre et un appel à la vengeance, il redevint plus calme, parla de sa mère avec tendresse et termina dans les termes suivants :

« Mon Dieu ! donnez à ma mère infortunée le courage dont elle aura besoin pour apprendre la nouvelle de la triste mort de son fils. Mes amis, vous lui écrirez, n’est-ce pas ? Vous lui dirai combien j’ai été résigné à mon sort ; vous lui dirai que je suis mort en Français. Mais il est temps de finir ; j’ai déjà trop parlé, vu les circonstances dans lesquelles nous sommes placés. Avant de terminer, laissez-moi vous dire que la liberté de votre pays ne peut être payée trop cher et que je lui sacrifie ma vie sans regret. »

Se tournant vers ceux qui devaient périr avec lui sur l’échafaud, il ajouta ;

« Ô mes amis ! braves compagnons d’infortune, demain sera un jour de chagrin non pas pour nous, mais pour nos amis. Prenons courage en songeant que nos noms seront gravés en lettres d’or sur l’autel de la liberté. Ô Canada ! puisse au moins notre mort te délivrer de l’esclavage ! C’est le vœu de celui qui demain va mourir pour toi. Un jour viendra où tes fils se souviendront, dans leurs jours de fête, que Charles Hindelang, un étranger, mourut martyr pour eux et victime de la vengeance anglaise. »

Lorsqu’Hindelang cessa de parler, tous ceux qui étaient présents pleuraient, sanglotaient. Des officiers anglais et des journalistes qui avaient voulu assister par curiosité à ce banquet mortuaire, ne purent contenir leur émotion.