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les patriotes

la veille de faire à mes restes inanimés après qu’ils auront été descendus de l’échafaud, et veuillez croire que je serai jusqu’à mon dernier soupir,

« Votre ami infortuné. — Adieu.
« Chevalier de Lorimier. »

Lettre écrite par de Lorimier à sa femme, le matin de son exécution, et trouvée sur son cœur, après sa mort.
« Prison de Montréal, 15 février 1839,
à 7 heures du matin.
« Ma chère et bien-aimée femme,

« À la veille de quitter mon lugubre cachot pour monter sur l’échafaud déjà rougi du sang des nobles victimes qui m’ont précédé, mon cœur et le devoir m’engagent à t’écrire un mot, avant de paraître devant Dieu, le juge suprême de mon âme. Dans le peu de temps qui s’est écoulé depuis le jour de notre union sacrée jusqu’à ce jour, tu m’as rendu, ma chère femme, vraiment heureux. Ta conduite envers moi a toujours été irréprochable et dictée par l’amitié, la bonté et la sincérité.

« J’ai toujours su apprécier tes vertus. Aujourd’hui même des hommes altérés de sang, m’arrachent à tes bras ; mais ils ne réussiront jamais à effacer mon souvenir de ton cœur, j’en suis convaincu. Ils t’enlèvent ton appui et ton protecteur et le père de tes chers pauvres petits enfants. La Providence et des amis de mon pays en auront soin. Ils ne m’ont même pas donné le temps de voir mes chères petites filles, de les presser sur mon cœur et de leur dire un éternel adieu.