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les patriotes

les pupitres et les fauteuils, s’emparent de la masse, et un de leurs chefs proclame alors la dissolution du parlement. Après avoir tout brisé, ils mettent le feu, et se retirent quand les édifices du parlement ne forment plus qu’un monceau de cendres et de décombres.

Pendant plusieurs jours, plusieurs semaines mêmes, Montréal fut à la merci de la canaille, qui parcourait les rues, l’insulte à la bouche et la torche à la main.

Un soir, ils partirent, au nombre de quelques centaines, pour brûler les maisons de MM. Lafontaine et Drummond. Ils se dirigèrent d’abord sur celle du premier ministre. Mais des amis courageux s’y étaient rendus pour le défendre, entre autres sir Étienne-Pascal Taché. Le chef de la bande tomba frappé d’une balle, au moment où il franchissait la grille du jardin : c’était un jeune forgeron du nom de Mason. Les émeutiers retraitèrent à la hâte, emportant le cadavre de leur ami, qu’ils promenèrent en triomphe dans les rues de la ville au milieu d’un grand tumulte.

Une enquête eut lieu à l’hôtel Nelson, sous la direction de MM. Jones et Coursol. M. Lafontaine, appelé comme témoin, était à donner son témoignage, lorsque les cris de « Au feu ! au feu ! » retentirent. Quelques minutes après, la maison était enveloppée dans un tourbillon de feu et de fumée. M. Lafontaine put s’échapper, grâce à la protection et au sang froid de M. Coursol.

Le gouvernement s’étant enfin décidé à montrer de la vigueur et à accepter les services des citoyens, les émeutiers effrayés disparurent comme des ombres.

Les patriotes de 1837 ont-ils jamais commis des actes aussi sauvages de révolte et de destruction ?

La loi d’indemnité ne fit pas tout le bien qu’on espérait. Le montant accordé n’était pas suffisant pour couvrir toutes les pertes, et il ne fut pas toujours dis-