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manifestaient leur reconnaissance aux excursionnistes venus lui prouver que son testament politique était enfin exécuté.

« Les Montréalais purent assister à la messe, et, lorsque les sons si graves et si touchants de l’orgue firent tressaillir la pieuse enceinte, tous les fidèles étaient visiblement émus, et sans doute plus d’une femme demanda alors au divin crucifié le repos de l’âme de ce fou sublime qui expia sur le gibet le crime d’avoir trop aimé son pays.

« Dans l’après-midi, les membres du comité de la souscription de Lorimier, dont M. David était le président, allèrent offrir à Mme de Lorimier le don qu’on lui destinait.

« La scène qui eut lieu, lors de la présentation de cette adresse, est indescriptible.

« M. L.-O. David, chargé de lire l’adresse qu’il avait écrite, n’a pu le faire, empêché qu’il était par l’émotion, et quand M. Beaugrand remplaça M. David, et se fit l’interprète de la foule venue pour témoigner sa gratitude à la veuve du grand patriote mort pour la liberté, tout le monde pleurait.

« Voici l’adresse :


« À Mme Thomas Chevalier de Lorimier et à ses enfants.


« Thomas Chevalier de Lorimier, mourant pour la liberté de son pays, avait confié sa mémoire et ses enfants à son épouse et à ses compatriotes.

« Quarante-quatre années de deuil et de dévouement démontrent que sa confiance en vous était bien placée. Vous avez dignement porté son nom et fidèlement exécuté ses dernières volontés.

« À la nation incombait le devoir sacré de faire sa part, d’acquitter la dette immense qu’elle a contractée envers ceux qui sont morts pour lui donner la liberté dont