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peaux qu’elles avaient fabriqués et brodés de leurs propres mains. Il n’en fallait pas plus pour porter jusqu’à son comble l’enthousiasme chez des hommes déjà si bien disposés.

L’armée d’invasion se compta ; elle se composait de 70 à 80 hommes. Papineau avait dit à ces patriotes qu’ils trouveraient à Saint-Césaire un camp considérable, sous le commandement de Nelson, le vainqueur de Saint-Denis.

Malhiot, un brave et hardi jeune homme, joli et grand garçon, qui venait de Saint-Pierre-les-Becquets, fut nommé général ; Gagnon agissait comme son aide-de-camp, et les autres officiers étaient : Bouchette, Duvernay, Rodier et Beaudreault.

Bouchette avait le commandement de l’avant-garde, qui se composait de 10 hommes. Les patriotes avaient deux canons. Le 6, ils franchirent la frontière sans être molestés et prirent le chemin du Canada. À trois quarts de mille environ de la frontière, à Moore’s Corner, près de l’endroit où les chemins de Swanton et de Saint-Armand se croisent, ils aperçurent, rangés en ordre de bataille, sur une éminence, quatre cents volontaires qui les attendaient.

La lutte était impossible, mais les patriotes ne voulurent pas reculer sans avoir combattu. Les volontaires avaient l’avantage du nombre, de l’armement et surtout de la position ; ils tiraient à bout portant sur les patriotes, qui étaient obligés de s’approcher et de s’exposer pour les atteindre. Les insurgés se battirent avec courage pendant quelque temps, mais ils s’aperçurent bientôt que la lutte était ridicule, et, pour ne pas être cernés, ils reprirent le chemin des États-Unis.

Julien Gagnon, au premier rang tout le temps, reçut deux blessures ; il put fuir en s’appuyant sur les bras de deux amis. Un jeune, Patenaude, cousin de M. Bourassa, député de Saint-Jean, fut tué ; un nommé