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les patriotes

côté des troupes, il n’y eut que trois hommes tués et quelques blessés. Des bandes de soldats et de volontaires parcoururent le village et couronnèrent leur victoire par le vol et le pillage ; ils fouillèrent les morts et volèrent jusqu’aux vases sacrés.

Parmi ceux qui se distinguèrent pendant la bataille, l’histoire doit mentionner Guitard, Deslauriers et Major, qui combattirent jusqu’au dernier moment à côté de Chénier.

Charles Forget, Étienne Forget et Jean-Baptiste Forget, de Saint-Janvier, furent tués tous les trois. Ils étaient partis, la veille du combat, avec deux Montigny, Régis Desjardins, Charles Maurice et Vannier. Rendus à Saint-Eustache, ils s’enfermèrent, à l’arrivée des troupes, les uns dans l’église, sous le commandement de Chénier, les autres dans le presbytère. Charles Forget commandait les patriotes retranchés dans le presbytère et se battit toute la journée avec le plus grand courage.

Lorsque le presbytère fut tout en flammes, Forget sortit avec ses braves au milieu des balles. Le fameux Porteous, qui était à la tête d’une compagnie de volontaires, l’ayant aperçu, lui cria :

— Forget, qu’êtes-vous venu faire ici ?

— Me battre pour mon pays, répondit Forget.

Là-dessus, un volontaire tira sur lui et la balle passa à travers la tuque bleue du père Forget. Celui-ci tira à son tour et le volontaire tomba pour ne plus se relever ; mais, presqu’en même temps, le vieux patriote recevait une balle en pleine poitrine et expirait, quelques heures après, en prononçant les paroles suivantes : « Je meurs pour ma patrie. »

Il faut voir dans l’affaire de Saint-Eustache une protestation plutôt qu’un combat. On y trouve plus de courage et d’héroïsme que d’habileté. Avec cinq cents hommes déterminés, Chénier aurait pu tenir tête