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furent incendiées, et l’église de cette paroisse ne fut sauvée, dit-on, que par l’entremise du curé. À Sainte-Scholastique, la maison et la grange de M. Barcelo et une bonne partie de la côte Saint-Joachim devinrent la proie des pillards et de la flamme. L’ennemi continua ses dévastations dans plusieurs autres concessions, et surtout dans la côte Saint-Louis, et porta le feu jusque dans le village de Sainte-Scholastique, où l’église et la majeure partie des maisons ne furent sauvées que par la conduite ferme de Messire Bonin, curé du lieu.

« Il n’en fut pas de même à Saint-Benoît. L’église et le presbytère ne furent pas épargnés et furent consumés par les flammes avec toutes leurs dépendances. Avant de mettre le feu à l’église, les soldats y étaient entrés et y avaient commis des profanations de toutes sortes. Ils n’y mirent pas leurs chevaux comme en celle de Saint-Charles, mais les uns montèrent sur l’autel pour briser les reliquaires, les autres s’emparer des vases sacrés et les firent servir à satisfaire leurs besoins naturels, après avoir percé, déchiré et foulé les hosties à leurs pieds. On en vit ensuite se revêtir des ornements sacerdotaux qu’ils avaient volés dans la sacristie et attacher des étoles autour du cou de leurs chevaux.

« Je n’en finirais point, mon cher ami, si j’entreprenais de vous rapporter tous les actes de vandalisme, d’inhumanité et de cruauté dont les soldats et les volontaires se sont rendus coupables. Qu’il vous suffise de savoir qu’un grand nombre de familles perdirent, en cette occasion, tout ce qu’elles possédaient et qu’on leur arracha jusqu’à leurs vêtements.

« Après avoir pillé tout ce qui se trouvait dans la maison et les bâtiments d’une ferme, et s’être emparé de tous les animaux, les barbares faisaient déshabiller les hommes, les femmes et les enfants, que l’on laissaient presque nus à la porte de leur maison embrasée.