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une proclamation dans laquelle il disait que les signataires de la lettre plus haut mentionnée, s’étant reconnus coupables de haute trahison, et s’étant soumis à la volonté et au bon plaisir de Sa Majesté, il les exilait aux Bermudes pour y rester aussi longtemps qu’il plairait à Sa Majesté. Par la même proclamation, il était défendu à Louis-Joseph Papineau, Cyrille-Hector-Octave Côté, Edmund-Burke O’Callaghan, Édouard-Étienne Rodier, Thomas-Storrow Brown, Ludger Duvernay, Étienne Chartier, ptre., Georges-Étienne Cartier, John Ryan, père, et John Ryan fils, Louis Perrault, Pierre-Paul Demaray, Joseph-François d’Avignon et Louis Gauthier, alors absents du pays, d’y revenir, sous peine d’être arrêtés et condamnés à mort pour haute trahison. Tous les autres prisonniers et tous ceux qui avaient pris part à l’insurrection étaient amnistiés, à l’exception de François Jalbert, Jean-Baptiste Lussier, Louis Lussier, François Mignault, François Talbot, Amable Daunais, François Nicolas, Étienne Langlois, Gédéon Pinsonnault, Joseph Pinsonnault, et autre accusés d’avoir mis à mort le lieutenant Weir et Joseph Chartrand.

Les signataires de la lettre comprirent alors la sagesse des conseils de M. Girouard, et protestèrent vainement contre la ruse et la condamnation illégale dont ils étaient victimes.

Ils reçurent ordre de se tenir prêts à partir au premier jour, et eurent à peine le temps de dire adieu à leurs parents et amis.

Le 2 juillet, vers cinq heures de l’après-midi, ils étaient conduits sous bonne escorte à bord du Canada, qui les attendait au Pied-du-courant. Les fers aux mains, ils passèrent, le cœur gros, mais le regard haut, à travers une foule silencieuse. Des larmes coulèrent de bien des yeux, et ceux même qui n’avaient pas de sympathie pour les pauvres exilés ne pouvaient