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Chambre. Il parcourut, avec M. Papineau et M. Morin, quelques-uns des comtés du district de Québec. Dans ses discours comme dans ses conversations, il se prononçait avec énergie contre les abus du gouvernement, démontrait la nécessité de protester contre la violation des droits du peuple : « Nous devons faire assez de bruit, disait-il, pour qu’on nous accorde ce que nous avons le droit d’obtenir comme citoyens libres. » Mais il ne voulait pas de résistance à main armée et n’y pensait même pas.

M. Girouard ne vit pas sans inquiétude les proportions que prenait l’agitation, mais convaincu qu’il était inutile d’essayer de tenir tête à l’orage, il se décida à le laisser passer.

Il est difficile maintenant, à une époque où les esprits et les caractères sont plus ou moins blasés par des luttes mesquines, de se rendre compte des sentiments et des pensées des hommes de cette époque. On oublie qu’ils avaient la fraîcheur, la naïveté même des sentiments, l’indépendance de pensée et l’amour de la liberté qu’on trouve à l’origine des sociétés, et qui enfantent les Washington, les Franklin et les Jefferson.

C’étaient des grande âmes que celles des Bédard, des Papineau, des Morin, des Viger, des Girouard, des Chénier ; des âmes où l’amour de la patrie et de la liberté devait naturellement produire de grands effets et faire naître le désir et l’espoir de donner l’indépendance à leur pays opprimé.

Quoi qu’il en soit, les patriotes ne se bercèrent pas longtemps d’illusions ; écrasés à Saint-Eustache comme à Saint-Charles, dans le Nord comme dans le Sud, ils comprirent que le courage et le patriotisme ne suffisent pas pour se battre contre des canons.

M. Girouard était occupé à visiter les avant-postes du camp de Saint-Benoît, quand il apprit que tout était perdu à Saint-Eustache et que Girod venait d’ar-