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LES DEUX PAPINEAU

Comme M. Papineau s’était jeté dans les luttes politiques par devoir plutôt que par goût, il s’empressa d’en sortir, lorsqu’il put le faire avec la conviction que la cause nationale n’en souffrirait pas trop. Certains désagréments que lui causèrent les fonctionnaires, qu’il avait flagellés du fouet de son éloquence, achevèrent de le déterminer à quitter la chambre.

J’ai dit qu’il avait acquis du séminaire de Québec, en 1804, la seigneurie de la Petite-Nation, qu’il paya, soit dit en passant, en grande partie, en honoraires et services professionnels.

La Petite-Nation, à cette époque, c’était la solitude, la forêt, on s’y rendait dans de petits bateaux, qu’on tirait à la cordelle à travers les rapides de Lachine et du Long-Sault, le plus souvent on se servait du canot d’écorce, qui se prêtait mieux au portage. Le trajet durait de huit à quinze jours ; on marchait toute la journée ; le soir, on allumait un grand feu, on faisait bouillir la marmite, et, après avoir bien mangé, fumé plusieurs pipes et chanté toutes les bonnes