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LES DEUX PAPINEAU

avancé, un voyage rude et difficile, à cette époque, pour aller voir son fils l’hon. Louis-Joseph Papineau que les événements avaient forcé à se réfugier aux États-Unis.

Il le trouva à Saratoga où ils passèrent plusieurs jours ensemble, entourés de parents et d’amis qui étaient venus se grouper autour d’eux, et qui assistèrent, avec un sentiment mêlé de douleur et de curiosité, aux dernières entrevues de ces deux grands hommes qu’unissaient non-seulement les liens de la nature, mais encore des idées communes, les mêmes aspirations généreuses et patriotiques.

Ces dernières entrevues empruntaient aux circonstances quelque chose de lugubre et de solennel. Le souvenir des luttes du passé, se joignant aux douleurs du moment et aux tristes perspectives de l’avenir, le spectacle de la patrie ravagée par le fer et par le feu, et de ses défenseurs écrasés par le nombre dans d’héroïques mais funestes combats ; ce fils qui partait pour le pays des ancêtres, pendant que le père s’en retournait sur le sol natal, pour y mourir,