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LES DEUX PAPINEAU

croire qu’il était un de ces notables que certains comtés de la campagne envoyaient alors pour les représenter dans l’assemblée provinciale. Il parla pendant l’espace d’une demi-heure, et sa parole coula toujours aussi facile, aussi abondante, que les eaux paisibles d’un grand fleuve, tandis que lui-même était aussi immobile que les deux rives qui l’encaissent. J’étais sous l’effet d’un charme inexprimable ; je craignais, à chaque instant, qu’il ne cessât de parler ; et chose surprenante, je ne comprenais qu’à demi son discours. Le plus grand silence régnait dans la chambre ; quant à moi je n’osais respirer. Tout turbulent que j’étais à cet âge, il me semblait que je ne me serais jamais lassé de l’entendre. »