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LES DEUX PAPINEAU

Papineau est bien pâle à côté de celle que nous venons de retracer ; il voulut reprendre sa carrière où il l’avait laissée ; or, huit années avaient creusé un fossé profond entre ces deux époques. La première fois qu’il prit la parole dans la nouvelle chambre, on aurait dit qu’il continuait un discours interrompu par les événements de trente-sept ; aussi sa voix resta sans écho ; on préférait le grand ministre au grand orateur, Lafontaine à Papineau.

M. Papineau s’était fait des habitudes, un langage et une attitude qui ne convenaient plus, sous un gouvernement responsable, au milieu d’hommes paisibles qui, acceptant avec résignation le nouvel ordre de choses, n’avaient d’autre but que d’en tirer le meilleur parti possible.

M. Papineau, croyant que son rôle était fini, renonça à la politique, en mil huit cent cinquante-quatre, et se décida à passer le reste de ses jours dans la retraite, l’étude et les tranquilles jouissances de la vie de famille.

Il passait l’hiver à Montréal et l’été dans