Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/17

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deux brillants, ses deux yeux, dont la flamme incendiaire empêchait presque de voir la couleur.

Depuis quelques années, l’orpheline avait pris la direction de sa rurale exploitation ; sa main de femme avait la virile énergie qui assure l’ordre, la diligence, le succès. Son commandement était fait d’activité intelligente et de bonté. Personne qui ne la respectât, qui ne l’aimât.

De tous les villages voisins chaque jouvenceau souhaitait que le regard d’Isabelle s’arrêtât favorablement sur lui. Les soupirants se présentèrent nombreux. Ils se hasardaient timides, les dimanches ; ils venaient, vêtus de leurs sarraus neufs, montés sur leurs lourds chevaux. Mais la fière censeresse affectait de ne point comprendre le motif de leurs visites.

Quand Isabelle eut vingt ans, sa beauté n’avait rien perdu de son éclat ; mais le feu de ses prunelles s’était fait plus ardent encore et les amoureux n’osaient plus la regarder en face.

On se parlait à la ronde, vous comprenez bien, de cette fière fée, dont la marmoréenne indifférence n’avait d’égal que le charme captivant de sa personne.

Oui, mes enfants, on cita quatre beaux gars