Page:Daxhelet - Nouvelles de Wallonie, 1894.djvu/24

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Le cadavre du fils de la Fresée fut si lourd à porter que dix hommes purent à peine le soulever ; et la terreur fut grande dans le pays d’alentour.

Isabelle la jolie jamais ne revint en la cense. Elle vécut longtemps là-bas, à Mouha, en la Grotte des Nutons. Car celui qui l’avait enlevée, après avoir tué Robert, était un Nuton – le plus beau et le plus riche qu’il y eût – à qui la gente fille s’était fiancée un soir d’hiver.

Les bonnes gens, qui avaient pleuré le départ de la belle promise, souvent la revirent dans la suite, à l’heure du crépuscule – vision fugitive, belle et souriante – emportée en son carrosse, au galop de six chevaux blancs que conduisait son blond amant triomphateur.

La ferme longtemps resta inhabitée (on croyait au retour d’Isabelle), et chaque nuit, l’oiseau lugubre, qui avait veillé le triste amoureux défunt, revenait battre de ses ailes lourdes l’air noir tout autour de la cense, appelée depuis lors, la cense de la Hulotte. »

Le vieux Dureinaux se tut. La bise, soufflant en rafale, cognait aux persiennes et aux portes.