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VII


On a souvent parlé de la beauté de nos fleuves et de nos rivières. Beaucoup de voyageurs, qui les ont visités, proclament hautement qu’il n’est peut-être pas de pays au monde qui en soient si richement dotés.

Parmi les rivières qui font, avec raison, l’admiration des étrangers, est celle du St. Maurice, qui vient avec ses trois grandes bouches parsemées d’îlots, se jeter dans le fleuve. Elle est belle surtout lorsque vous la contemplez à quelques lieues des Trois-Rivières ; quand ses eaux limpides et profondes, après s’être voluptueusement roulées sur leur lit recouvert d’un beau sable, sur des roches polies et mousseuses ; qu’elles se sont tordues et allongées dans les étroits défilés, et qu’elles viennent complaisamment se précipiter de hauteurs considérables pour former la belle chute de Shawinigan. Comme ces immenses monstres marins, qui se jouent avec plaisir à la surface de l’eau, se plongent, se replongent dans la profondeur des mers, pour reparaître un instant après plus brillants qu’auparavant.

Sur un charmant plateau, presqu’au pied de la chûte, vous pouvez la contempler dans toute sa splendeur ! Les beaux arbres de la rive, l’arc-en-ciel que les rayons du soleil font éclore dans le brouillard qui s’élève de l’abîme, le chant des oiseaux, tout enfin présente un coup d’œil vraiment admirable !

Un des derniers soirs des beaux jours de mai, on eut pu voir sur le plateau, dont nous venons de parler, quatre à cinq cabanes de sauvages qui s’y étaient élevées déjà depuis quelques jours. Dans chacune d’elles, les femmes étaient hardiment à l’ouvrage, on confectionnait des corbeilles d’écorce aux couleurs brillantes et variées ; on remarquait aussi beaucoup de pelleteries, soigneusement préparées, il était évident que la chasse de l’hiver avait été bonne. Les hommes, nonchalamment étendus sur l’herbe, conversaient en fumant le calumet ; quelques enfants, aux petits yeux noirs et vifs, mais aux muscles forts et vigoureux jouaient à quelques pas plus loin. Les chiens couchés çà et là dormaient paresseusement dans une pleine et entière quiétude. Aux portes des cabanes, des marmites bouillottaient sur de bons feux, on sentait les arômes de quelques pièces de venaison qui cuisaient pour le repas du soir. Un peu plus loin, un petit groupe de jeunes filles préparaient des ornements de toilette. Il