La toile eût pu s’animer sous mes doigts,
Quel beau portrait j’aurais fait de ma mie !
Je l’aurais peinte, ainsi que je la vois.
Éterniser une flamme chérie
Aurait été de mes vœux le premier ;
Le tendre amour, seul guide de ma vie,
Aux doctes sœurs m’eût fait sacrifier :
J’aurais été le chantre de ma mie,
J’eus mis ma gloire à la déifier.
En me livrant tout à l’astronomie,
J’aurais suivi ma tendre passion ;
Un nouvel astre, au gré de mon envie,
Eût de nos jours paru sur l’horizon :
Au firmament j’aurais placé ma mie,
Elle eût été ma constellation.
J’aurais banni la sombre jalousie :
L’amour sincère en écarte l’horreur ;
Trop délicat pour cette frénésie,
D’un feu plus pur j’aurais fait mon bonheur ;
Car en l’aimant, j’eusse estimé ma mie :
Sans mon estime aurait-elle eu mon cœur ?
14. — La Faculté de Théologie de Paris vient de rendre publique sa Censure contre le livre d’Émile, ou de l’Éducation, par J.-J. Rousseau[1]. Elle est en latin et en français, très-détaillée, particulièrement sur le troisième volume. Elle trouve dix-neuf hérésies dans cet auteur. Quelques critiques prétendent que l’article le plus mal traité dans cet ouvrage scientifique est celui de la religion.
20. — Éponine, tant prônée, doit enfin se jouer la
- ↑ Rédigée par l’abbé Le Grand. — R.