Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/16

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convéniens et ce n'est pas sans quelque défiance que son ouvrage doit être parcouru. Cependant, ou nous sommes dans l'erreur, ou les avantages qui en ressortent les compensent entièrement. Essayons de le prouver. En lisant les Correspondances littéraires de Grimm et de La Harpe[1], on est parfois tout surpris de voir certains noms, long-temps en possession de la faveur publique, tomber soudainement de cette haute popularité sans que rien, en apparence, puisse motiver ou faire concevoir ce retour subit de l'opinion. C'est qu'ils ont négligé une foule de petits faits qui pouvaient d'abord paraître sans importance, et dont quelques-uns même, s'ils eussent été approfondis, auraient été reconnus faux. Chez Bachaumont, à qui rien n'échappe, tout s'explique, tout se conçoit : quelques anecdotes, inventées par la haine, accueillies par la malignité, souvent même par l'insouciance, ont suffi pour faire changer à l'égard de ces idoles de la veille, et tourner contre elles le jugement de la reine du monde. Nous avons cru indispensable de conserver des détails qui donnent la clef de ces reviremens de l'opinion publique : mais comme on sait aujourd'hui à quoi s'en tenir sur la plupart des faits

  1. Nous n'avons point, comme on l'a pu voir, la prétention d'élever le mérite des Mémoire secrets au-dessus des Correspondances de La Harpe et de Grimm. Si nous les comparons ensemble, c'est uniquement parce qu'ils embrassent à peu près la même époque dans leur revue.